Slide 1
Partager cette page

Une noce aux Agneliers

Publié par Marie Christine Duval le mercredi 28 mars 2018

André MILLES a 34 ans, il habite tout en haut du vallon du Laverq au hameau des « Viels ». En ce lundi 11 Aout 1761 il va se marier dans l’église des Agneliers, de l’autre côté de la Grande Séolane, coté Uvernet.

croquis agneliers Nathalie Duval

Il part avec Jean Baptiste HERMELIN son demi-frère, et deux autres jeunes hommes Antoine REYNAUD et Antoine GILLY ses voisins  qui seront témoins. La noce a été bien préparée. Les trois bans ont été publiés à la messe du dimanche. Il vient de se confesser et de communier à l’église du Laverq et en a reçu certificat de Messire LEBRE le vice curé, pour le remettre au curé des Agneliers. Le 25 juillet il était allé jusqu’à Barcelonnette « dans la petite maison » dont dispose le notaire de Méolans, pour signer le contrat de mariage avec sa future belle-famille. Il y était allé avec Jean Baptiste et avec son cousin Jacques COLLOMB  le fils d’Etienne qui fut son tuteur.

André va épouser une fille Maurin des Fonts des Agneliers,  «font » comme fontaine , belles sources ….

fonts des agneliers photo Josiane Grilli

Depuis maintes générations les MAURIN sont installés sous la Séolane aux Agneliers Hauts, non pas dans le village aligné près de l’église, mais plus haut dans le vallon au-dessus. Jeanne Marie sa future a 18 ans.

Il y aura du monde à la noce et une ribambelle d’enfants car ses futurs beaux-parents Elisabeth PELLAT et Dominique MAURIN ont encore des enfants très jeunes, ils ont eu dix enfants. Leur jeune neveu Jean Louis PELLAT sera là, il est témoin. Pas de doute c’est leur neveu à tous les deux, en 1738 on avait célébré le même jour leur mariage et celui de ses parents : un frère et une sœur PELLAT épousaient une sœur et un frère MAURIN…

Aux Agneliers vivent aussi les EBRARD, leurs proches voisins , et un peu plus bas de grandes familles GASTINEL, JAUBERT, BELLON, et bien d’autres…  ça fait du monde, surtout en été. Il a même fallu construire deux moulins.

Pour le plaisir, imaginons leur une noce sereine et joyeuse. Peut-être qu’elle ne le fut pas, mais elle aurait pu l’être.

Après la noce Jeanne Marie et André vont aller vivre aux Viels où André est propriétaire, ils sont nés tous deux au plus haut d’une vallée et y resteront toute leur vie, leurs enfants aussi. André a hérité de son père Antoine MILLES à l’âge de 6 ans. Sa mère Suzanne MILLES était restée seule avec ses 3 enfants et « une bourrique, deux vaches, un veau, quatre brebis, six agneaux, quelques outils », quelques terres aussi, chèrement sauvées des créanciers…

Agneliers Bas et chemin des Fonts

De nos jours des milliers de touristes montent et descendent devant l’église des Agneliers. En hiver ils ont des skis aux pieds, en été ils roulent à vélo, en moto, voiture ou même camping-car. Certaines années on y a vu le Tour de France ! Mais personne ne viendra plus frapper à la porte des MAURIN, la maison a disparu. Effacée volontairement du paysage elle sera bien vite rayée de la carte. De l’autre côté de la montagne, les pierres des Viels, devenues le hameau fantôme des Vieux, sont englouties peu à peu, comme toute trace de civilisation disparue.

Les viels 2007

Marie Christine

Sources : Archives Départementales
- Acte de mariage Uvernet 1MI5/0594 vue 483 sur 821
- Contrat de mariage notaire Méolans 2E12176 folio 519

Photos : Josiane Grilly, Marie Christine Duval, Bernard Tron

Croquis : Nathalie Duval

Partager cette page

Abonnez-vous au suivi de publications

Recevez chaque semaine par email un récapitulatif des dernières publications de notre site internet en vous abonnant à notre suivi de publications.
Aucun spam & désinscription à tout moment !