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Une bien courte vie

Publié par Mireille Reynaud le mardi 28 mars 2023

Découvrant dans une publication de laverq.net reçue le 25 janvier le nom de ma grand-mère maternelle Marie Masse, j'ai décidé de rassembler mes souvenirs et de relire les quelques documents que ma mère m'a laissés.

Son nom figure dans la liste des 7 enfants du Pieds des Prats en âge d'être scolarisés ; sur la photo devant l'école de l'Abbaye serait-elle la petite fille à droite, N° 25 ? Je fais une supposition…

Marie Masse
Ecole de l'Abbaye vers 1896 © Archives Départementales AHP fond Collomb

Marie Louise Masse est née le 5 janvier 1887 à La Mandeisse hameau perdu entre Saint Vincent les Forts et Le Lauzet, fille de Jean Joseph Masse et de Marie Rose Elodie Tron, du Pieds des Prats au Laverq. Sa mère décède le 26 janvier 1889 après avoir donné naissance à un garçon Théophile qui lui va vivre. Elle sera élevée alors par sa tante maternelle Marie Joséphine Tron propriétaire et cultivatrice aux Pieds des Prats. Elle va à l'école à l’Abbaye. Dans le recensement de 1896, son nom figure à côté de celui de sa tante Joséphine et se son oncle Louis Tron ; elle a 9 ans.

 

chapelle st joseph la mandeysse le lauzet
Chapelle St Joseph à La Mandeysse (ou Mandeisse) Le Lauzet @ dignois.fr

la mandeysse
paysage la mandeysse

 

Marie est devenue institutrice

Aux Archives Départementales un dossier permet de retracer son parcours. Elle fréquente le Cours Complémentaire de Barcelonnette où elle obtient le Brevet Élémentaire passé à Digne le 25 juin 1903, puis le Brevet Supérieur au Cours Secondaire de Digne le 22 Octobre 1906.

            Puis commence pour elle une période de remplacements d'institutrice dans le département. Encore élève du Cours secondaire à Digne en juillet 1905, elle remplit le formulaire pour une demande de poste. On lit que la postulante est orpheline de père et de mère, elle a 5 frères et 3 sœurs, 3 d'entre eux ne sont pas majeurs, certains à la charge de sa tante qui a peu de moyens. Sa santé, sa conduite, sa moralité sont très bonnes d'après le certificat du Dr Romieu : « elle n'est atteinte d'aucune maladie ou infirmité ou difformité pouvant l'empêcher de se livrer à l'enseignement », sérieuse, réfléchie elle a fait de bonnes études, elle aime les enfants et saura s'en faire aimer. Elle écrit : « J'irai dans n’importe quel poste ». Elle a hâte de gagner sa vie pour aider sa famille. Elle obtient 18 jours au Caire en décembre 1905, Janvier février1906 au Forest de Barles, à Dauban (Banon) 3 suppléances de Mars à juillet, plusieurs suppléances à Costeplane (Le Lauzet) en 1906 et 1907. On peut imaginer les difficultés pour se déplacer dans notre département à cette époque et en hiver pour une jeune fille de 18 ans. Quel courage ! A chaque poste le maire signe une notice d'installation et elle rédige une notice individuelle concernant les déplacements, envoyée à l'Inspecteur d'Académie. Par exemple le poste de Dauban : pour s'y rendre elle doit emprunter le train de Digne Forcalquier et après un chemin de terre pour arriver à Banon, à l'autre extrémité du département.

Installation masse m louise à Dauban
déplacement jusqu'à Dauban, hameau de Banon

 En 1908, mariée et attendant un enfant, elle sollicite auprès de l'Inspecteur d'Académie un poste le plus rapproché du domicile de son mari et de sa famille aux Clarionds. Elle aura  plusieurs suppléances aux Clarionds en remplacement de sa belle-mère Philomène Garnier ; en 1909, 1 mois  au Laverq en remplacement de Marie Garnier sa belle-sœur ; en 1910 on l'envoie aux Michels (Revel) 4 mois, aux Clarionds (29 jours), à Pontis (13 jours) puis encore aux Clarionds (1 mois).

Procès verbal installation[1]
un court rapprochement familial

En 1911 elle est stagiaire aux Michels (3 mois) et enfin le 1er février aux Clarionds en remplacement de Philomène Garnier qui prend sa retraite. Elle passe avec succès les épreuves écrites du CAP, puis les épreuves orales et pratiques avant de mourir le 1er Juin en donnant naissance à une petite Marie Louise qui ne vivra que 2 mois.

Je possède son contrat de mariage écrit le 17 juillet 1907, avec mon grand-père Jean Joseph « Ollivier » Ollivier, né en 1879 cultivateur et propriétaire aux Clarionds, fils de « Jean » Joseph Ollivier cultivateur et propriétaire aux Clarionds et de Marie Philomène Garnier institutrice aux Clarionds, acte fait et passé aux Clarionds dans la maison des parents du futur époux en présence du tuteur de la mariée, son oncle Joseph Henri Masse.

On peut lire dans ce contrat :

          « Mademoiselle Marie Louise Masse cultivatrice et munie de son Brevet de Capacité d'institutrice communale fille mineure de vingt ans et demi de Jean Joseph Masse et de défunte Madame Marie Rose Elodie Tron demeurant et domiciliée aux Pieds des Prats… »  Sa tante Marie Joséphine Tron lui lègue tous ses biens en nue-propriété.

faire part mariage Ollivier Masse
Le faire part de mariage

Le mariage est célébré le 18 juillet 1907 à 9 h du matin    « dans la salle de classe de l'Abbaye dont les portes étaient ouvertes  au public pour devant nous Domnin Gilly, maire Officier de l' Etat Civil de la commune de Méolans… » en présence de plusieurs témoins :  d'une part Sébastien Ollivier âgé de 25 ans, curé de Costebelle, frère de l'époux et Blanche Ollivier âgée de 22 ans, institutrice au Laverq, sœur de l'époux, d'autre part Tron Florimond (64 ans)propriétaire domicilié aux Esmarins, oncle maternel de l'épouse et Tron Henri Magloire (âgé de 62 ans) domicilié et propriétaire aux Esmarins, oncle maternel de l'épouse. Puis la cérémonie religieuse en l'Eglise de l'Abbaye.

En 1908 elle donne naissance à une fille Marie Rose, ma mère. Et ce n’est qu’en 1911 qu’elle obtient enfin le poste des Clarionds.

Elle se réjouit des progrès de Marie Rose dans une lettre datée du 2 mars 1911 adressée à sa belle-sœur Blanche Tron (née Ollivier) qui est partie au Mexique après son mariage en 1909 avec Aimé Tron du Chastel.  Elle écrit avec une très belle écriture :

          « J'ai passé un assez mauvais hiver avec une mauvaise santé, un surcroît de travail. En plus de ma classe il m'a fallu préparer mon CAP auquel j'ai déjà été admise à l'écrit, mais il me reste encore l'épreuve pratique et ce n'est pas le moindre de mes soucis, tous les jours sur les épines à attendre l'arrivée de ces Messieurs… Nous voilà encore sortis de la mauvaise saison ; les beaux jours vont arriver, mais avec cela la saison pénible pour nous. Nous avons pris un domestique ce qui nous soulagera un peu. Quant à moi je ne peux pas faire un gros travail de cet été ; nous avons fait la commande d'un héritier et je redoute déjà l'arrivée du mois de juin.»

Mais hélas tout se passera mal : ce bébé attendu, une fille Marie Louise, ne vivra que 2 mois ( née le 1er juin 1911, décédée le 6 août) et sera inhumée au cimetière de l'Abbaye auprès de sa maman morte en couche le jour de sa naissance. Marie Rose, ma mère (appelée Rose) n'a que 2 ans, elle ira vivre aux Pieds des Prats chez sa marraine Marie Joséphine Tron et ira elle aussi à l'école à l'Abbaye. Elle a conservé religieusement cette lettre écrite par sa mère 3 mois avant son décès ; cette lettre sa tante Blanche la lui a donnée en revenant du Mexique, et ma mère me l'a transmise avec d'autres documents.

famille ollivier autour de Philomène
La famille Ollivier vers 1918, au premier plan Rose, devant sa tante et sa grand-mère © collection privée

          

Je remercie Michel, Marie Christine, Lucien. Je pense aussi à ma mère qui a conservé cette lettre très touchante écrite 3 mois avant le décès de sa maman dont j'ai cité un extrait.

Les photos de La Mandeysse, et bien d'autres, sont à retrouver sur le site que nous remercions vivement :

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