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Un week-end de Pentecôte au Laverq

Publié par Pierre La Barre le mardi 11 juin 2024

En 2004, plusieurs membres d'une liste d'échange Yahoo décident de se retrouver et de faire connaissance physiquement au Laverq. Voici un compte rendu de ce week-end mémorable.

A mon arrivée le vendredi soir aux Reynauds j'étais accueilli par Marie France. Etaient déjà là, notre hôte, Lucien, Jean et son épouse Joëlle, et Alain. Un peu plus tard nous étions rejoints par l'initiateur de ce "séminaire de généalogie", Roland et son épouse Roselyne.

Premiers contacts, confection du taboulé du week-end, premier repas (La daube gargantuesque de Marifosa qui se révéla toujours meilleure au fil des jours), première nuit dans le silence des alpages.

Le samedi, lever à l'aurore des citadins (7h30), petit déjeuner relax en attendant l'arrivée des retardataires : Jean Claude et son épouse Dominique ainsi que Maurice. Sans eux nous partons tout de même faire la tournée (grands) Ducs en passant par les Martels et les Sartres, pleins de souvenirs pour certains.

A notre retour ils sont là, mais nous faisons également connaissance d'autres membres de la tribu TRON : Bernard et son épouse Marie Agnès présents pour la journée et la préparation du jardin accompagnés de Brahim, Noël, attelé à sa tâche de remise en état des trois maisons de la défendue, et son épouse Maryse avec, accroché en permanence dans son dos comme une indienne, un de leur petit fils. Il y a également, venu respirer l'air des cimes leur cousin Raymond et sa compagne.

Apéro, photos de groupe et repas de taboulé + grillades en plein air.

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Entre temps un petit peu de généalogie tout de même avec consultation de la collection de cartes postales de Marie France.

Pour digérer, une bonne partie du groupe part pour une visite de l'Abbaye. Nous entrons faire nos dévotions dans l'église et quelques latinistes distingués s'essayent à la traduction de la dédicace d'un des tableaux.. A la suite, un petit "crapahut" sur l'Ubac après avoir traversé la passerelle de la blanche. Montée raide, mais récompensée par une vue magnifique et inhabituelle sur l'abbaye et les Reynauds. A la descente découverte d'une carcasse de brebis, mais aussi d'un beau champ de narcisses.

Avant d'entamer la remontée vers notre gîte, nous avons la surprise de voir déboucher dans le contre-jour, le troupeau de plus de 1000 brebis et chèvres que Lucien avait commandé pour nous. A sa tête Dédé TRON (un lointain cousin?) son berger et quelques cavaliers. Ils arrivent du Martinet. En plus de la lumière magnifique nous avons le son et l'odeur.

A 19h30 passé, il était temps de préparer de quoi soutenir la veillée prévue dans le programme. Entre temps Marie France nous avait quitté (sans la daube et le génépi encore intact), rappelée en basse altitude par son devoir de marraine. Peu avant 21h nous accueillons Mr et Mme ARNAUD et leur fille des Clarionds, ainsi que Christiane notre pourvoyeuse locale en fromage de chèvre. Apéritif, repas bien arrosé puis présentation audiovisuelle. Lucien n'avait pas de chance avec son projecteur de diapos dont des utilisateurs peu scrupuleux avaient grillé la lampe sans le prévenir (Eh oui, malgré l'absence d'EDF dans le vallon, il y a de l'électricité aux Reynauds. Nous allions savoir pourquoi le lendemain. Heureusement, Roland, peu avare en transport de matériel en tout genre a apporté une télé et nous présentait l'enregistrement vidéo qu'il avait réalisé en 2003 lors de deux cours passages. Tout le monde est subjugué et admiratif de la qualité de l’œuvre, et encore plus comblé lorsque Roland remit à chacun un exemplaire de l'enregistrement.

Maurice, lui, nous faisait découvrir une interview historique, faite par lui il y a 30 ans, de l'abbé ROUX alors âgé de 90 ans, curé de Barcelonnette, dont le premier poste avait été, en 1904, la cure du Laverq. D'une voix claire, il énumérait les familles dans chacune des fermes et, chaque fois, il y avait des TRON. Il avait alors plus de 230 ouailles. Il terminait par l'histoire savoureuse en gavot de son chien d'alors qu'il voulait garder petit.

La soirée s'acheva passé minuit après avoir évoqué les gens, et les lieux qu'ils habitaient aux temps anciens. Il était temps d'aller se coucher.

Le dimanche Lucien avait prévu de nous montrer le captage d'eau alimentant la micro-centrale fournissant l'électricité aux Reynauds et à la défendue. Nous étions précédé de Noël et Raymond, armés d'une tronçonneuse, chargés de nous ouvrir la route au travers des genévriers et autres arbustes qui avaient reconquis leur territoire.

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Noël nous ouvre la voie

Aussi, de bon matin, sur le coup des 10h, nous attaquions "doucement" la pente pour rejoindre le tracé de l'ancien béal. C'est là que les frères TRON, aidés par la famille et des amis, avaient enfoui le tuyau destiné à fournir l'eau à la turbine de la micro-centrale. Ce tuyau de 95 mm de diamètre et de 800 m de long, ils l'avaient montés à dos d'homme et déroulé en montant, avant de l'enfouir. Chacun était admiratif devant ce travail digne en tout point de leur ancêtre, et dans son but, et dans sa réalisation. Au-delà de la prise d'eau, où il avait fallu charrier les sacs de ciment et de sable pour l'aménager, nous avons continué à progresser sur la même courbe de niveau pour atteindre le Chastel. Quelques maisons résistent sous la grande Séolane. Là encore il y eut beaucoup d'émotion à l'évocation de ceux qui y avaient vécu, en particulier dans les maisons aujourd'hui effondrées. A la descente quelques courageux décidaient de pousser jusqu'aux Viels pendant que les autres, prenant le chemin du retour étaient hélés par Dédé qui leur proposait gentiment le pastis. Nous ne nous fîmes pas prier et c'est en évoquant le loup que nous les attendîmes.

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Les ruines du hameau des Viels et l'apéro chez Dédé

Après le déjeuner au soleil, où nous avions été rejoints par Robert, le frère de Lucien, l'après midi fut plus relax. Jean Claude et Dominique devaient nous quitter, aussi quelques uns se penchèrent tout de même sur leur généalogie. Il faut dire que si cette science était le prétexte de la réunion, on ne peut pas dire qu'elle occupa beaucoup de temps. Quoiqu'en pensent certaines des épouses, elle ne servit qu'à boucher les trous de l'emploi du temps.

Toujours est-il que d'autres dont je faisais partie, s'en allèrent sonner la cloche. Noël, accompagné de Maryse son papoose dans le dos, nous fit visiter le chantier des trois maisons de la défendue qu'il a entrepris. Nous sommes restés "baba" devant le travail réalisé depuis 5 ans : Murs remontés, mise hors d'eau et une maison pratiquement terminée avec un goût parfait.Tout cela pour leurs enfants. J'espère qu'ils sauront apprécier. Que voici un bel exemple de défense du patrimoine !

Après que Robert eut sonné l'angélus (un peu tôt peut-être= nous avons doucement repris le chemin de la maison, nous arrêtant simplement pour voir fonctionner la turbine.

La soirée devait se passer en discussions généalogiques, avec tout de même un brin de nostalgie. Notre week-end touchait à sa fin, une partie des participants nous avaient quittés : Marie France pour ses obligations de marraine, Jean Claude et son épouse pour leurs obligations d'éleveurs, Noël pour ses obligations de bouliste et le tournoi de pétanque de Seyne, et nous savions que le lendemain était le jour de la séparation.

Tout de même le lundi de Pentecôte, nous avions à compléter notre exploration du Laverq par un passage à Peinier, aux Tarroux et aux Clarionds. C'est en voiture que les huit survivants firent leur petit tour. D'abord Peinier et son grand four encore debout, ainsi que sa chapelle remise en état par les scout de Nancy. Puis Les Tarroux, où seule une grange s'est effondrée. Les autres maisons sont toujours debout et occupées, sauvées par la présence de la route. Roland filma le hameau sous tous ses angles pour le remettre dans le cadre de l'acte de partage du 17e siècle qu'il avait découvert et dont il avait dressé un plan uniquement à partir des "confronts".

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Le four et la chapelle de Peinier

Au retour, bien sûr, nous nous sommes arrêtés aux Clarionds, passant par le centre ville, pour acheter quelques fromages de chèvre à la maman de Christiane. Nous avons pu y admirer la chapelle soigneusement entretenue.

Il était temps de remonter aux Reynauds pour le dernier repas avant la séparation. Les restes (taboulé) rapidement avalés, nous avons fait un peu de ménage. Pour ma part, j'ai descendu dans la vallée les cadavres : Trois sacs de bouteilles, finalement ce n'est pas beaucoup. Nous avons été sages, même si nous n'avons pas fait beaucoup de généalogie. Certains avaient tout de même trouvé des ancêtres communs.

Après de chaleureux remerciements à Lucien et aux membres de sa famille encore présents, nous avons chacun repris le chemin du retour vers la civilisation des villes.

Nice le 4 juin 2004

Pierre La Barre

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