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Sur une table en bois d'espérance

Publié par Lise Garnier le vendredi 2 septembre 2016

Lorsque je vous écris, c'est toujours pour moi au coin du feu, assis dans un fauteuil, à la lueur d'une lampe, à la tombée du jour que les mots vont vous trouver.. pour peu j'y ajouterai aussi une pipe, un chat sur les genoux et un petit verre de liqueur..
N'est ce pas le lieu et le moment les plus propices pour vous rejoindre en votre demeure?

Je sais bien que l'image est simpliste mais elle sonne juste et mon cœur l'a adoptée une fois pour toute, il y trouve un élan salutaire.
 
Si je le pouvais, si ma main obéissait mieux à ma pensée dans le tracé des lettres, je vous écrirais à la plume comme ces missives que nos anciens échangeaient en prenant soin de la qualité du papier et de l'encre, des pleins et des déliés, et de ce qu'ils voulaient dire car tout était précieux en ces étincelles de vie lancées à l'aventure d'un page blanche.
 
J'ai retrouvé dernièrement des lettres d'une mère à son fils de 18 ans prisonnier durant la seconde guerre mondiale.
Quelle application minutieuse à dire l'ordinaire de manière extraordinaire en sachant qu'on écrit l'été ce que l'autre lira ( peut être ) en hiver, l'essentiel étant la vaillance du cœur en l'échange dans le creuset solitaire de l'âme. C'est cela qui est à lire entre les mots, cette application simple à laisser trace d'un fragment d'existence qui chante l'Amour en nous, par l'autre.
 
Cette mère terminait toujours en disant "où que tu sois, que mes mots te trouvent en ta demeure.. assis au coin du feu à la tombée du jour, le chat sur les genoux et la pipe à la bouche". Son fils a souvent dit que ce sont ces recommandations qui lui permirent de traverser l'épreuve en gardant en lui la chaleur de son propre foyer.
 
Christian Bobin nous le rappelle sans répit .
 
Un lit de lumière, une chaise de silence, une table en bois d'espérance, rien d'autre : telle est la petite chambre dont l'âme est locataire.
 (Ressusciter-2001)
 
Ces mots là, même sans plume et sans guerre, ne peuvent s'entendre qu'en notre demeure. 
C'est une offrande de fin de moissons, de chant de lavandière, lorsque le grenier d'Amour, rangé avec soin, odorant et plein, nous met à l'abri du besoin.
 
Voilà pourquoi peut être l'image est si vive en moi quand ils s'envolent vers "vous".
 
 
 

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