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L'incendie des Clarionds

Publié par Marie Christine Duval le mardi 18 janvier 2022

Le 27 septembre 1883 à 19h la foudre est tombée sur le hameau des Clarionds, déclenchant un gigantesque incendie. Le hameau tout entier a été la proie des flammes.

Tous les habitants ont pu fuir, sauf Eugène Clariond que l’on a retrouvé mort dans les décombres de sa maison, une des premières touchées. Il avait certainement tenté de lutter contre le feu.

Les Clarionds au 20ème siècle
le hameau des Clarionds au Laverq

Le hameau des Clarionds comptait alors une vingtaine de bâtiments, dont 13 maisons d’habitation, alignées autour d’une ruelle étroite et entourées de remises et de granges remplies de foin en cet automne. Tout a été détruit. Les 12 familles qui y vivaient à l’année ont perdu logement, effets personnels et récoltes.

Des secours d’urgence sont distribués et on s’organise dans les hameaux voisins pour héberger une cinquantaine de personnes de tous âges qui se retrouvent sans abri à la veille de l’hiver. Une souscription est lancée au niveau départemental dans le Journal des Basses Alpes, et un appel aux dons est publié dans le Journal de Barcelonnette.

La victime Eugène Hyppolite Clariond, âgé de 42 ans, habitait une maison du haut : n° 665 sur le cadastre napoléonien. A cette époque le chemin de la Vallée arrivait par le bas du hameau et passait au sud des maisons pour continuer vers l’Abbaye. Depuis plus de deux siècles le hameau n’avait pas beaucoup changé, comme en témoigne les différents cadastres anciens.

cadastre les clarionds 1812
Les Clarionds 1812

Eugène Clariond laissait 5 enfants, un garçon et 4 filles de 2 à 10 ans, et une veuve Marie Félicie Reynaud. Celle-ci a été hébergée aux Reynauds, chez Hilaire Casimir Reynaud, où elle a donné naissance quelques semaines après à leur sixième enfant, Sabine fille posthume d’Eugène.

 L’Etat a accordé des secours, d’abord 500 Fr en urgence dans la semaine qui suivit le sinistre, puis au total 2290 Fr arrêtés le 17/03/1884 pour 14 chefs de famille, dont 11 propriétaires.

secours incendie Clarionds 1883 2
les secours aux incendiés (Archives Départementales AHP cote 1Z013)

Il faut tout reconstruire, et les sinistrés devront faire la plupart des travaux eux-mêmes avec des moyens locaux.

Le conseil municipal sous l’impulsion du maire Pierre Mathieu Savornin fait le point et réclame par délibération le 23 décembre 1883 l’autorisation de prélever du bois dans la forêt indivise entre Méolans et Revel, au Défend des Clarionds, au-dessus du hameau. Il faudrait au moins 1100 mélèzes, plus la quantité nécessaire de bois pour la fabrication de 1000 quintaux de chaux, soit à peu près 88 stères. Le préfet accorde la demande le 18 janvier 1884, mais ce sera un prélèvement de bois à déduire des prochaines coupes annuelles autorisées. Cette délivrance exceptionnelle est précomptée sur les exercices budgétaires suivants et va donc obérer fortement le budget des années à venir.

Les Clarionds autrefois, début 20ème siècle
les Clarionds au 20ème siècle

Sur les photos anciennes du début du XXe siècle on constate que les toits ont été reconstruits avec des couvertures de bois.

Le maire demandera aussi une mesure de faveur à l’armée afin de libérer de ses obligations militaires le jeune appelé Jean Joseph Remy Reynaud, soldat de la classe 1882, pour aider à la reconstruction. On sollicite son maintien au foyer familial pour seconder son père Jean Joseph Xavier Reynaud, sinistré qui a eu un bras cassé. La demande ne semble pas avoir été rapidement exaucée puisque le jeune homme est resté sous les drapeaux à Briançon de décembre 1883 à fin septembre 1884…

Pendant les mois d’hiver 1883 l’école est assurée dans le hameau voisin de Peynier par l’institutrice Philomène Ollivier née Garnier, rescapée elle aussi de l’incendie avec ses jeunes enfants, dont le plus jeune tiré de son berceau au moment du drame. Rude épreuve pour Philomène puisqu'elle aussi attend un enfant pour le printemps. La classe reprendra aux Clarionds dans un bâtiment de la famille Ollivier ; la construction d’une nouvelle école n’est pas votée et ne sera plus jamais possible, au grand regret de l’institutrice.

Marie Félicie veuve Clariond, l’épouse de la seule victime, est revenue vivre aux Clarionds avec ses enfants et a continué vaillamment son métier d’agricultrice. Hélas son fils ainé, qui travaillait avec elle, décède à l’âge de 26 ans en 1899, c’est sa fille Delphine qui reprendra l’exploitation en 1901 avec son mari Emile Collomb venu du Lauzet. Leur fils Louis Collomb fera partie des derniers habitants permanents des Clarionds pendant le XXe siècle, avant son séjour au Mexique.

 Trois ans après l'incendie, le recensement de population de 1886 ne compte plus que 9 maisons et 45 habitants, tout le monde n’est pas revenu. Le grand exode rural videra peu à peu le hameau de la plupart de ses habitants permanents.

 Sources : Archives Départementales des Alpes de Haute Provence (1 Z 013) 

Photos Paul Arnaud, Lucien Tron et famille Reynaud

les Clarionds  9 janv 22__43
La chapelle des Clarionds restaurée
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