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Les voyages de Clémentine Chauvet

Publié par Marie Christine Duval le mardi 4 juillet 2023

Quand Clémentine CHAUVET avait le mal du pays elle partait à pied à travers les montagnes pour aller voir sa famille, et ce n’était pas une petite rando !

Clémentine Chauvet était née en 1860 à Costeplane, hameau du Lauzet, où résidait toute sa famille paternelle, tandis que sa famille maternelle s’éparpillait dans le Laverq. Chaque été des bergers venus d’autres vallées parcouraient les montagnes pastorales, et comme d’autres avant elle, Clémentine est partie avec l’un deux à la fin de l’estive. A la St Michel 1880 elle épousait Etienne LAMBOT et le suivait chez lui, dans sa campagne isolée. Le couple a vécu longtemps plus au sud de l’Ubaye, sous la montagne du Grand Coyer dans une bergerie appelée Le Chastellard, à deux heures de marche du village de Peyresq.

le Grand Coyer, par le Chastellard de Peyresq
en chemin vers le Grand Coyer

Leur arrière-petite-fille Mme Goujon-Borrely a rassemblé souvenirs et histoires de vies dans un livre sur Peyresq. Elle y évoque Clémentine avec tendresse.

« Je me la rappelle très bien, avec sa grande robe noire qui tombait jusqu’aux pieds et son grand chapeau… Clémentine était une femme très courageuse, grande ,belle, intelligente. Il paraît qu’on ne se lassait pas de l’écouter, tellement elle racontait bien, dans un langage imagé, les plus simples histoires…

C’était vraiment une femme hors du commun et qui connaissait la montagne mieux que personne…

Quand elle avait le mal du pays, elle partait à pied, à trois heures du matin et elle allait au Lauzet par la montagne, toute seule… Elle y arrivait , paraît-il en fin de soirée. Par où passait-elle ? Peut-être parvenait-elle par Allos, à gagner le pied de la Grande Séolane et arrivait-elle au Lauzet par la vallée du Laverq ? Pendant les moments de repos, elle tricotait. Elle commençait une chaussette avant de partir. Quand elle revenait, la chaussette était terminée. Elle restait généralement trois jours dans sa famille. »

geoportail du Chastellard au Lauzet-Ubaye
le chemin de Clémentine sur Géoprtail... 15 ou 16 heures de marche ? digne d'un Chasseur Alpin...

De nos jours tout le monde s’oblige à marcher, on recherche de préférence un chemin qui tourne en rond , la fameuse « boucle » qui nous ramène à notre voiture. Autrefois les chemins n’étaient pas faits pour se promener, ils sillonnaient les montagnes, pour aller travailler, échanger, se ravitailler ou se retrouver…

Clémentine a eu une vie très dure, de labeur et de deuils… Mme Navello, historienne de Peyresq, a aussi évoqué la famille Lambot, dans un chapitre intitulé « les Peyrescans des temps difficiles ». Elle y raconte comment Clémentine a mis au monde des jumeaux, toute seule dans sa campagne isolée. C’était en période de transhumance inverse de l’hiver, son mari était encore dans le midi avec les brebis, la naissance du bébé n’était pas prévue si tôt … « Elle mit au monde un beau bébé, coupa le cordon ombilical et se crut délivrée. Quelques instants plus tard les douleurs la reprirent et , stupéfaite, elle comprit qu’elle allait accoucher d’un second enfant. Elle se demanda alors : Ma vau belèu n’en faire tout lou jour ? (Peut-être en ferai-je tout le jour ?) ». Sa réflexion est restée célèbre.

le Chastellard Peyresq
Le Chastellard, commune de Peyresq. De nos jours la bergerie est rénovée

Mais Clémentine a vécu jusqu’en 1938 et a connu aussi le progrès, après le fameux « bon vieux temps » !!! Après la première guerre mondiale et de nombreux deuils, elle s’est installée dans le village de Peyresq. Un train est sorti du tunnel sous ce village, puis l’autocar est arrivé,  puis le téléphone ! Et à la fin de sa vie, elle tenait la cabine téléphonique. D’ailleurs, pas si facile pour elle de rester en place devant le combiné, il paraît qu’elle faisait quelques petites escapades au jardin pendant son service… C’est son fils Joseph, l’un des jumeaux, qui parcourait encore les chemins, il était facteur et reliait par tous les temps Peyresq à La Colle Saint Michel, à pied, à vélo ou même en ski.

bergère musee roudoule
Clin d'œil de la bergère... non ce n'est pas Clémentine, mais l'une de ses contemporaines © cliché Musée de La Roudoule
Peyresq 04170 le village
le village de Peyresq

Quelques renseignements :

Simphorose « Clémentine » CHAUVET était née à Costeplane (Lauzet-Ubaye), le 4/11/1860 .
Elle était fille de Joseph Firmin CHAUVET, de Costeplane, et de Prudence Eulalie GILLY de Saint Barthélémy (Méolans-Revel). Une de ses grands-mères (REYNAUD) se prénommait déjà « Simphorose Clémentine », peut être à l’origine de ses prénoms ? … Un de ses frères, dénommé aussi Joseph Firmin, épousait en 1892 une fille des Sartres (Laverq) : Marie Philomène Anaïs COLLOMB.

Jean Baptiste « Etienne » LAMBOT était né à Peyresq, le 6/07/1846. Il était fils de Jean François LAMBOT et de Constance GRAS. Son frère ainé (autre Jean Baptiste !) avait, lui aussi, épousé une fille Chauvet de Costeplane… Gare aux homonymies ! Etienne est décédé le 5/06/1913 à Peyresq.

Clémentine et Etienne se sont mariés au Lauzet le 27/09/1880, ils ont eu 4 enfants.

Sources : « Peyresq. L’extraordinaire destin d’un village des Alpes Provençales. Louise Navello-Sgaravizzi » 2010.
« Peyresq. Un village, à la recherche des temps perdus. Paulette Goujon-Borrely » 1994.

Remerciements à Bernard Vautrin et Aline Sarti pour leur collaboration et photos.

 

 

 

 

 

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