Le grand incendie
Une note sans date ni signature, intercalée dans le registre d’un notaire, relate les circonstances du grand incendie qui détruisit Méolans en 1854. En voici le texte :
28 septembre 1854 jour à jamais néfaste
Le 28 septembre 1854 sous le règne de Napoléon troisième, le bourg de Méolans dans la vallée de Barcelonnette, à douze kilomètres de distance de cette ville, à une heure après midi, a été entièrement dévoré par les flammes.
Sur cinquante maisons dont était composé ce village chef-lieu de la commune de Méolans, quarante-six sont devenues la proie de l’incendie, et presque toutes ont été littéralement consumées. La chapelle qui se trouve vers le milieu du village a eu sa toiture et la porte d’entrée brulées. La cloche du poids d’environ cent kilogrammes a été fondue par l’ardeur des flammes, et on n’a plus retrouvé que quelques morceaux à demi fondus. L’église distante du foyer de l’incendie d’environ deux cents mètres est également devenue la proie des flammes , le feu a été tellement intense et rapide qu’en moins de deux heures les quarante maisons ont été enflammées , aucun secours n’a pu être apporté pour opérer le moindre sauvetage malgré la bonne volonté des habitants de la commune de Revel qui se sont au premier signe d’alarme rendus sur le lieu du sinistre, rien n’a pu être sauvé : maisons, fourrages, récoltes, denrées, meubles et papiers, tout a été dans ce court espace de temps dévoré par les flammes. Les archives de la mairie ont cependant été sauvées grâce à la vigilance et aux dangers auxquels s’est exposé le sieur Derbez Jean Hyacinthe instituteur communal et secrétaire de la mairie. Les minutes du notariat de Méolans ont également été conservées par Me Vinatier qui a sacrifié tout son mobilier pour sauver ce dépôt public.
Trois personnes ont péri dans les flammes.
Marguerite Donnadieu femme de Jean Baptiste Hilarion Gas, celle même qui a été cause de l’incendie.
Pierre Louis Donnadieu frère de la précédente qui a péri dans sa maison et du cadavre duquel on n’a pu retrouver que quelques vestiges calcinés.
Bebienne Chauvet fille de Hyacinthe dit Marquis, qui a été retirée du milieu des flammes encore vivante mais dont le corps était à demi calciné.
L’auteur de l’incendie a été la femme Gas ou ses enfants. Cette femme avait contracté l’habitude de faire brûler des fagots de bois pour faire des cendres qu’elle vendait, elle avait ce jour-là allumé un grand feu en sa cheminée qui était entourée de fagots. Le feu se communiqua à ces fagots puis à la grange et au moment où le feu fit explosion sur la toiture il n’y eut plus moyen d’y porter aucun secours. Dans moins d’une minute trois maisons voisines furent enflammées.
La perte s’est élevée à plus de deux cent mille francs. Pareil sinistre avait eu lieu le 26 juillet 1763, les mêmes maisons avaient brûlé.
Source : Archives départementales des Alpes de Haute Provence :
Quelques renseignements sur les victimes :
Anne "Marguerite" DONNADIEU
née à Méolans le 30/10/1805, fille de Pierre et Marie Magdeleine GAS,
mariée en 1827 à Jean Baptiste Hilarion GAS.
Son frère Pierre Louis DONNADIEU
né le 25 ventôse An XI (16/03/1803),
marié à Marthe GILLY en 1831.
Suzanne "Bibienne" CHAUVET
née à Méolans le 12/04/1831, fille de Hyacinthe et Appolonie HERMELIN.
Appelée aussi Bibianne : ne pas confondre son prénom avec Liliane ou Viviane, en effet son prénom est une variante de Bibiane, une sainte romaine catholique...