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L’art de la belle écriture en Ubaye

Publié par Marie Christine Duval le mardi 14 janvier 2020

L’alphabétisation exceptionnelle de nos vallées de montagne est reconnue par tous les historiens et archivistes. Les jeunes gens recevaient une éducation remarquable, correspondant bien sûr aux critères de leur époque. La calligraphie a pris longtemps une place importante parmi les matières enseignées.

Sur leur site internet, les archives départementales des Alpes Maritimes proposent aux enseignants une exposition virtuelle consacrée à l’histoire de l’écriture : « Pleins et déliés, histoire de l’écriture ». L’évolution de l’écriture à travers les siècles y est illustrée grâce à des documents locaux qui permettent de plonger dans le passé de nos aïeux. Et puisque nous avons avec le Comté de Nice un passé Savoyard commun, parmi les documents présentés, la « viguerie de Barcelonnette » offre le modèle d’écriture « moderne et soignée ». Moderne tout est relatif puisqu’il s’agit de 1703. Le document proposé est l’investiture du territoire de Villeneuve d’Entraunes. Il est écrit en italien mais on reconnaîtra très facilement qu’il est écrit par Pierre Antoine Fortoul notaire de Jausiers dans la Vallée de Barcelonnette :

8.9 Exemple d'ecriture soignée du XVIIe siècle AD06

On peut y lire : « e personalm-t constituito Pietro Antonio Fortol notaro colleg-to del luogo di Gioisier nella Valle di Barcellona residente nella presente Citta di Turino ». Maître Fortoul est à Turin, avec procuration de la Communauté de Villeneuve d’Entraunes. Les noms Barcellona, Gioisier, Fortol, sont les variantes de son époque, à la mode de la capitale : il ne faut pas y voir des fautes d’orthographe. Non seulement les notables locaux de l’Ubaye écrivaient bien, mais en plus ils parlaient et écrivaient plusieurs langues…

 La plupart des « gratte parchemins » de nos vallées ont étudié sur place ou pas très loin. Le Collège de Barcelonnette est fondé en 1646, du temps du prince Maurice de Savoie. Les étudiants de l’Ubaye allaient auparavant à Gap ou à Embrun. Ce genre de lycée forma beaucoup de religieux, mais pas seulement.  L’histoire de cette institution a été écrite par François Arnaud, le notaire géographe et historien. Dans ses notices historiques il décrit le manuel de mathématiques élaboré vers 1773 par l’élève Jean Baptiste Derbez de Revel, de la famille de son aïeule paternelle : les Derbezy. C’est un manuscrit de 316 pages grand format « véritable monument de calligraphie….tout ce qu’une plume d’oie en délire, au service d’une main souple, peut inventer de pompeux et de prétentieux comme majuscules, chamarrées de volutes, tortillons, arabesques, fleurs, oiseaux mystiques et impossibles, se trouve dans ce volume… ».Et François Arnaud pense aux heures de veillées passées à composer ce volume…nous pensons aussi aux conditions matérielles des siècles passés : éclairage, chauffage, fournitures… Hélas ce manuscrit n’est pas réapparu publiquement.

 Les généalogistes de l’Ubaye ont bien de la chance : les vieux papiers sont des trésors d’archives et l’histoire de leurs ancêtres est très riche et bien documentée ! Pas étonnant qu’ils aient envie de les lire. Pour faire pâlir d’envie les amis qui essaient de déchiffrer des registres, je vous présente aussi une belle page d’un Curé de Barcelonnette.

AD04 Barcelonnette 1691 page 188

La plupart des Ubayens savait signer et c’est avec émotion que nous voyons apparaître leur signature, qu’elle soit hésitante ou majestueuse. Grace au travail des archivistes départementaux et de nombreux bénévoles ces traces de vie apparaissent sur nos écrans par la magie de la numérisation.

En 1638 le notaire Louis Honorat commence ses actes avec des lettres très ouvragées 

Lettrines

Signature des notaires dont les registres nous sont parvenus de 1638 à 1792

Signatures

 

Pour Méolans-Revel plus de 2 siècles de documents vous sont accessibles sur ce site : https://registres.laverq.net/

 Évidemment tous les registres ne sont pas des « monuments de calligraphie » mais quand ils sont conservés c’est déjà très bien. Un trou dans les archives et c’est une page d’histoire qui manque, ou un trou dans votre arbre généalogique !

trou (2)
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