L'abri

Cet espace à la fois clos et ouvert où la vie s'accueille sans souci du pourquoi ou du comment, juste par la nécessité de l'instant, en la similitude du pas traversant toutes les différences .
 
En haute montagne, en l'épreuve des éléments qui surprennent le marcheur, les hommes autrefois ont bâti l'abri.

De loin il se confond avec la roche, si bas qu'on le dirait couché à fleur de terre, si sec que l'éboulis lui ressemble, tapis dans l'ombre il attend.

De près, pas une pierre ne dépasse l'autre, il suit minutieusement chaque contour du terrain, épousant les lieux pour que sa solitude se nourrisse de toutes les présences passantes. Sa porte soigneusement découpée en l'essence de bois qui ne se corrompt pas, posée comme un sas, ouvre sur la nuit.
 
Une nuit dense et claire, épaisse et douce, enveloppante et tendre qui déploie ses larges bras aimants en l'accueil de toutes les blessures, toutes les peurs, tous les espoirs. Guérissant les rêves les plus fous par sa seule présence où chante l'appel de Vie en l'inconnu qui ici a posé son pas dans celui qui le reçoit.
 
 L'abri dit " je suis sauf " car m'étant perdu l'amour m'a trouvé. Alors, connaissant comment et par quoi le tonnerre peut surprendre, ayant été meurtri, ayant cherché le salut en ces lieux, une fois la peur traversée , je me souviens et pose la pierre qui permet de reprendre haleine.

En l'abri personne ne cherche l'amour, c'est l'amour qui nous découvre. Comme une nuit, il nous touche et nous n'en finissons pas de nous dénuder en sa présence par ce qui parle intimement à notre oreille de toutes les solitudes allant à la rencontre.