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Garçons et filles à l'école

Publié par Marie Christine Duval le mardi 19 avril 2022

L'école communale au Laverq, quelques bribes d'histoire...

L’école communale de l’Abbaye a été ouverte en 1834, pour les garçons seulement, mais quelques années plus tard elle est devenue mixte. Contrairement à bien d’autres écoles publiques, garçons et filles y ont appris à lire ensemble pendant près d'un siècle. Pas de motif philosophique pour expliquer ce cas particulier, mais plutôt des raisons économiques.

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Quelques écoliers du Laverq fin 19ème siècle, avec institutrice et instituteur, pour deux classes mixtes dans le vallon.

En 1833 le conseil municipal de Méolans doit obéir à la loi et ouvrir une école publique de garçons. Mais quel emplacement choisir ? Impossible de réunir tous les écoliers au même endroit : « notre commune de 1400 âmes… est sur la cime d’une montagne dont le sol est extrêmement scabreux… il y a plus d’une vingtaine de hameaux… des distances d’environ 2 myriamètres… une grande quantité de neige qui intercepte les chemins pendant 6 mois de l’année… ». On choisit alors de financer une école communale dans chaque paroisse : Méolans, Saint Barthélémy et L’Abbaye. Le conseil municipal, restreint et spécial : « les douze les plus imposés », donne son accord. On vote des crédits pour trois salaires d’instituteurs publics, ainsi que pour trois locations de salle de classe chez des particuliers, la commune étant trop pauvre pour construire des écoles malgré l’aide possible de l’état.

Les élèves seraient au nombre de 80 à 100 garçons pour le Laverq, si tous les parents envoyaient leurs enfants à l’école. Mais beaucoup d’habitants sont trop loin de ces trois écoles, alors le conseil autorise des écoles privées saisonnières dans les petits hameaux. Pour l’année scolaire 1841/1842 des écoles privées temporaires ouvrent pour les moins de 15 ans à Godeissard et Gouitroux alternativement, au Martinet, aux Testus, à Peynier et aux Clarionds alternativement, et de même au Chastel et aux Viels. Mais bien sûr ces petites classes ne durent pas, elles coutent trop cher et on a du mal à recruter un instituteur qui doit être diplômé. Même pour l’école de l’Abbaye aucun candidat ne se porte volontaire pour le poste, les premières années le préfet devait faire des nominations d’office.  Les enfants ne bénéficient pas encore d’une belle salle de classe, c’est toujours l’époque des cours dans les écuries, en hiver, en proximité des animaux, comme sous l’Ancien Régime, mais avec un instituteur breveté. Le nouveau corps d’inspecteurs de l’académie chargé des inspections fera des rapports alarmants sur la situation sanitaire, « quand l’inspecteur aura daigné venir jusqu’ici… ».

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L'école d'antan, mais que de progrès en quelques décennies !

Des parents réclament une école de filles mais il n’est pas possible financièrement d’en ouvrir trois, alors une seule est mise en service en 1845 au chef-lieu, à Méolans village. En 1857 c’est l’ouverture d’une école publique mixte au hameau des Clarionds, permanente et non plus hivernale. Le conseil municipal vote l’achat de livres, ce dont il n’est pas obligé, parce qu’il s’indigne de "l’avarice" des parents pour l’achat de ce genre de fournitures. Un bibliothèque communale est même mise en place, qui diffuse les livres dans les écoles.

L’école n’est pas encore obligatoire et les petites filles sont très peu scolarisées. Le maire Joseph Louis Gastinel s’en inquiète, il fait voter une délibération en 1859 : le conseil municipal réclame à l’administration la nomination d’une institutrice à Saint Barthélémy et une autre au Laverq, en plus des instituteurs. « … la population de ces deux succursales est assez nombreuse pour fournir des élèves à un instituteur et à une institutrice. Vous savez que les jeunes filles qui fréquentent les écoles seraient beaucoup mieux placées sous la direction d’une sage institutrice que de rester sous celle d’un instituteur, confondues avec les garçons. D’abord la décence exige qu’elles soient séparées et puis il est certaines connaissances qui font l’ornement de leur sexe et qu’un instituteur ne peut leur apprendre… ». Ce beau discours a-t-il été écrit par un instituteur secrétaire de mairie qui voulait dédoubler ses classes ? Nous ne le saurons pas !

En 1867 une nouvelle loi oblige les communes de plus de 500 habitants à financer une école spéciale pour les filles, ce sera donc  l’école du chef-lieu déjà organisée. Melle Marie Adélaïde Martel qui exerçait depuis plus de 20 ans à Méolans est maintenue dans le poste et son traitement revalorisé.

A Saint Barthélémy les parents d’élèves avaient fondé une école de filles privée, tenue par des Sœurs de la Doctrine Chrétienne. Le maire Hyacinthe Frédéric Vinatier fait voter sa prise en charge par la commune en 1869 et les fillettes indigentes de la localité devront y être admises. Il considérait que « tout ce qui tend à l’instruction et à l’éducation de la génération qui grandit doit être favorablement accueilli ».

Marie Christine

Source : les délibérations de la commune de Méolans relevées par Albert Lebre

photos : Archives Départementales AHP fonds Collomb et mairie de Pontis (04) 

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